Lors de l’audience du 5 février, Monsieur le Président jouait avec les mots et donc les concepts. En oscillant entre vocation et métier, il renvoyait comme à son habitude dos à dos les agents entre eux en fonction de leurs missions.
Pour nombre de salarié.e.s, le choix de leur métier est basé sur une vocation, ou tout au moins sur la base de leurs valeurs morales et individuelles ainsi que sur leur appétence envers certaines activités. A ce jour, on peut même aller jusqu’à qualifier notre quotidien de sacerdoce au vu des conditions de travail et de la considération qu’on leur porte.

Être bibliothécaire, travailleur social, assistant familial voire secrétaire peut relever d’une vocation.
Pour la CGT, tous les métiers ne sont pas qu’alimentaire, et il n’en est aucun qui soit plus respectable que d’autre et tous doivent permettre de vivre dignement, de trouver sa place dans la société car le travail est surtout un levier d’émancipation.
Mais dans le monde de la concurrence et de la performance que défendent les élu.e.s du camp capitaliste, dont C. Poiret est un exemple presque caricatural, il en est autrement. C’est le camp de la “valeur travail”, du “travailler plus pour gagner plus”, du conditionnement des aides sociales du “mérite” et du coût du travail…
Le rêve de tout capitaliste c’est le travail gratuit, celui qui produit des dividendes sans “dépense salariale”.
Comment comprendre autrement la gestion des rémunérations et des frais professionnels des collègues AssFam ?
Chaque collègue, quel que soit son statut salarial, est confronté à des difficultés : rémunération, mégotage sur les frais pro ou les congés, conditions de travail, dysfonctionnement dans la chaîne hiérarchique ou celle de travail, insuffisance de perspective et de moyens…
Mais admettons que la situation des collègues en charge de l’accompagnement des enfants placés et donc en difficulté sociale parfois dès leur naissance reste un concentré de tout ce qui peut être de pire en matière de travail.
Sous quel statut sont les assfam, selon la DGCL* ce sont des contractuel.le.s de droit public, des “non-tit’” comme dit la DRH sauf que leur statut salarial et professionnel relèvent du Code général de la fonction publique et Code général des collectivités territoriales comme chacun d’entre nous mais en plus Code de l’action sociale et des familles (pour ne citer que ces 2 là) qui s’avèrent parfois contradictoires avec le reste.
Agent public donc oui, mais…
Garantie d’emploi? Par définition un contractuel ne bénéficie pas des mêmes garanties que l’agent titulaire. Mais en l’occurrence l’assistant familial est soumis à l’existence de la nécessité d’un emploi (condition d’un emploi contractuel) mais aussi, à l’obligation de remplir les conditions d’emploi à la fois en terme de qualification mais surtout en terme d’agrément de la PMI c’est à dire qu’il faut remplir les conditions psychologiques et matérielles
Sans cela pas de travail et à terme plus de contrat donc plus de salaire.
On connaît des situations similaires dans lesquelles il faut, pour exercer, avoir une qualification : permis de conduire, CACES, SSIAP, BESAN etc… Mais si un agent titulaire de la voirie perd son permis de conduire, l’employeur a obligation de le reclasser : il ne perd pas son emploi… Pour l’assfam, perdre son agrément PMI, c’est perdre son travail. Le reclassement d’une assfam est aussi rare qu’un trèfle à 4 feuilles !
Par ailleurs, l’assfam vit le syndrome de l’intérimaire, c’est son employeur qui décide ou non de lui confier un enfant. Les périodes sans accueil peuvent être très courtes au vu du nombre de placement non effectué, mais c’est souvent assez long. nous avons des cas de blacklistage c’est-à-dire de situation où le/la collègue ne reçoit aucune proposition.
Heureusement la lutte syndicale a permis de faire progresser la loi et de garantir une forme de maintien de salaire mais qui sera de 80% du SMIC…
Parlons salaire, il faut savoir que le salaire d’une assfam est lié à l’accueil d’enfant : pas d’accueil, pas de salaire ! pas non plus de prise en compte de l’ancienneté…
La lutte a permis d’obtenir, en 2020 seulement, qu’un.e ASSFAM soit payé.e au SMIC mais seulement au premier accueil.
De plus, la loi TAQUET lie le maintien de salaire en cas de “place libre” au responsable de cette place libre si c’est l’employeur qui n’a pas d’enfant on est payé, si c’est un refus de l’assfam. pas de salaire. Quelles sont les règles d’arbitrage ? “on y travaille” répond l’écho.
Par ailleurs, pour chaque accueil, il est versé une série de primes, indemnités, frais professionnels… qui n’ont pas été revalorisés depuis plus de 15 ans !
Et puis il faut accueillir chez soi, dans sa cuisine, son salon… et ce 7/7j H24…. Bref pour les collègues, une vie intime c’est une utopie. Sans compter que le “profil type” d’accueil, travaillé entre l’assfam et le SAF* tend de plus en plus à passer à la trappe au regard de la somme de placements mal ou non effectués. Le “un trou eun’brique” rôde toujours. Pour la CGT ce profil type doit devenir un document contractuel opposable,
Et tout cela pour quelle considération? Combien d’agents considèrent les assfam comme des collègues à part entière ? En tout cas pas le président Poiret.
Pensez donc que les ASSFAM ne relèvent pas de la même DRH que nous les agents : à part !
Côté action sociale ? pas de COS mais le CNAS. Ce choix n’est pas celui du COS qui est prêt à accueillir les collègues, mais de l’employeur : à part vous dis-je !
Quant à l’information ? un extranet…. à part (encore)
Vous en voulez encore ? et bien les assfam n’ont pas les mêmes adresses pro que les autres : pour tout un chacun c’est prenom.nom@lenord.fr sauf…. pour les assfam pour qui c’est @assfam.lenord.fr ! et oui…à part!
Alors nous, à la CGT, on se bat depuis des années pour que cesse cet ostracisme. Comment ?
En premier lieu en travaillant à la création d’un cadre d’emploi de professionnel de la protection de l’enfance, donc de fonctionnaire.
Mais aussi en militant pour l’intégration des assfam dans les bénéficiaires d’un COS revisité en Comité d’Activités Sociales et Culturelles en renforçant sa proximité avec les adhérents.
C’est encore, se battre pour que la gestion RH c’est à dire la paye, la formation, la santé, la retraite, les congés, les contrats etc… relèvent de la même direction que tout le reste de l’effectif départemental.
Cette mesure ne relève pas que de la symbolique, c’est surtout une clarification des rôles de chacun. Le PEFJS peut-il être à la fois celui qui recrute, gère les questions RH, intervient dans les questions disciplinaires et en même temps celui qui accompagne les assfam dans leur travail. Cette interdépendance est trouble, pensez que lorsqu’il y a “risque de danger en accueil familial” l’enquête est menée par le service employeur donc par celui qui a recruté l’agent et qui lui a confié un ou plusieurs enfants : pensez-vous sérieusement qu’il puisse y avoir impartialité ? Que le recruteur reconnaîtra qu’il a fait une erreur de jugement dans l’évaluation du candidat ? Pensez-vous que les responsables du placement (RSAF et RTASE) ou les collègues accompagnant le placement (Référent.e, PEFJ, SAF) reconnaîtront qu’ils ont “raté” quelque chose ? Peut-on être juge et partie ?
Ne jetons pas la pierre aux collègues du PEFJS, la CGT est tout à fait consciente et accompagne aussi les agents de l’ASE, de la PMI, des PEF… et nous nous battons aussi pour que les moyens leur soient donnés pour un travail fait correctement, sans pression, avec le temps de faire les évaluations préalables, le suivi en continu.
Nous nous battons aussi pour que les effectifs des SAF soient renforcés pour alléger les portefeuilles, pour que le fonctionnement de l’ASE soit revu avec des moyens suffisants pour que les collègues n’aient pas à se débattre au milieu d’une accumulation de dossiers. Comment les collègues de l’ASE pourraient-ils travailler correctement quand ils ont des portefeuilles de 60, 80 enfants alors que la zone de confort est autour de 30 situations?
Pour la CGT faire la séparation, mettre à part les assfam, c’est s’interdire de réfléchir à la question de la protection de l’enfance dans sa globalité depuis la décision de placement jusqu’au 21eme anniversaire du jeune.
Au quotidien, la CGT travaille à changer le regard des collègues pour créer une véritable dynamique autour de l’accueil familial dans lequel chaque intervenant serait sur un pied d’égalité. La CGT appelle à la réunion d’assises de l’accueil familial.
Rappelons que depuis 2017, la CGT est le seul syndicat à avoir au niveau national une activité spécifique sur cette question, nous ne sommes peut-être pas un syndicat d’assfam pour les assfam, mais nous avons depuis des années le soucis d’améliorer à la fois les conditions de travail de ces collègues mais aussi la vision que les gens ont de ce METIER !